La force du mentorat pour les jeunes pris en charge par l’ASE

Assises du Mentorat 2022
La force du mentorat pour les jeunes pris en charge par l’ASE

Objectifs de l’atelier :
En lien avec le dernier projet de loi relatif à la protection des enfants, identifier les besoins des jeunes pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et comprendre comment mieux accompagner ces jeunes et favoriser leur insertion. 

Intervenants :
Ousmane Dibassi | Filleul chez France Parrainages
Joumana Grehaigne | Educatrice scolaire spécialisée SOS Villages d’Enfants
Julien Roux | Conseiller au sein du cabinet d’Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’Enfance
Christophe Sanchez | Directeur des programmes Break Poverty Foundation

 

Les jeunes de l’Aide Sociale à l’Enfance ont des filets de sécurité plus mince que les autres.

Les jeunes de l’ASE partagent les aspirations, envies et besoins qu’ont tous les jeunes de leurs âges. Le mentorat peut d’autant plus leur être utile que ce sont des jeunes qui ont des filets de sécurité plus minces que les autres. Le mentorat permet de réduire l’isolement social, de gagner confiance en soi et d’ouvrir le monde des possibles

 

Le mentorat permet de lever l’autocensure qui existe chez ces jeunes et de lutter contre les inégalités de destin.

L’exigence d’autonomie liée à l’âge de la majorité pousse certains des jeunes de l’ASE à se tourner vers des études courtes. Ainsi, seulement 6% des jeunes accompagnés par l’ASE se dirigent vers des études supérieures. Malgré le fait que la récente loi Taquet abolisse le couperet dès 18 ans, encore beaucoup de professionnels et d’éducateurs ne sont pas formés sur les questions d’insertion professionnelle et peinent à orienter les jeunes vers de longues études par exemple. Et en amont, même si l’école reste encore le levier majeur pour lutter contre les inégalités de destin et l’autocensure, le constat est sans appel; la situation scolaire est beaucoup plus dégradée chez les jeunes de l’ASE.

 

Uniquement 1% des jeunes confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance bénéficient du mentorat. 

Les jeunes confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance sont encore peu nombreux à accéder à un mentor. Un projet de loi va systématiser la proposition de parrainage et de mentorat aux jeunes de l’ASE, ce qui représente environ 380 000 enfants. Mais la protection de l’enfance étant une compétence départementale, l’amendement doit générer une réflexion en cascade pour articuler une série d’actions nationales et une stratégie partagée par tous les acteurs du territoire, pour répondre aux besoins de ces jeunes. 

 

Le mentorat aide les jeunes à sortir d’un isolement social. 

Avec le mentorat, l’humain va être remis au centre des actions. Le mentoré va partager ses désirs et ses idées. À travers la relation de confiance, le mentor va apporter un lien d’attachement primordial qui va faire progresser le jeune. Il va retrouver progressivement un espace de liberté, il va apprendre à se réconcilier avec son passé sans oublier son histoire.

 

Il faut des alliances éducatives pour introduire le mentorat au cœur des institutions. 

Pour certains éducateurs, le mentorat est vu comme un travail supplémentaire compliqué à intégrer à leur charge de travail. Pour pouvoir introduire le mentorat au cœur des institutions, il faut mettre en place des référents mentorat dans les établissements pour faciliter le travail avec les associations et lever les blocages.

 

Il faut créer une boîte à outils pour faciliter la mise en place des programmes de mentorat sur tout le territoire. 

Break Poverty a lancé une recherche-action dont l’objectif est de renforcer le mentorat à destination des jeunes pris en charge par l’ASE. Une évaluation d’impact est en cours ainsi que la création d’une boîte à outils à destination des acteurs du mentorat. Cette dernière permettra de mieux comprendre les enjeux de l’ASE, savoir comment y répondre convenablement, et avoir des outils clés en main (par exemple: qui je dois contacter ? comment former les mentors ?). Il est fondamental de traduire la complexité de la chaîne de décision et tisser une relation de confiance entre les acteurs. 

 

Entre le premier contact et la mise en place du mentorat, il faut se laisser du temps pour bien expliquer la démarche. 

Certains éducateurs peuvent avoir plus de difficultés à voir la complémentarité entre le mentorat et les accompagnateurs qui gravitent autour du jeune. Et pourtant, le mentor, grâce à sa position, permet de véhiculer les messages autrement. Pour bien articuler l’action, il faut un peu plus de temps pour la mise en place du binôme. 

 

Le mentor doit comprendre les difficultés du jeune, mais aussi partir d’une feuille blanche ! 

La structure encadrante doit apporter un certain niveau d’informations et d’accompagnement pour le mentor. Et même si le mentor rentre en contact avec la famille et l’intimité du jeune, c’est au binôme de se découvrir et au jeune d’appréhender sa trajectoire, en partageant ou pas son histoire. Comme pour tout accompagnement, le mentor doit respecter le rythme de chaque jeune et apporter une réponse selon les besoins.