Assises du Mentorat 2023
Agir auprès des jeunes les plus éloignés : la question des NEETs
Le droit au mentorat pose le problème de l’accès au mentorat. Si beaucoup de jeunes ont conscience de l’intérêt de ce dispositif et y ont recours de façon naturelle, c’est beaucoup moins le cas pour les jeunes NEETs qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation.
Objectif de la session :
Comment identifier, sourcer et mobiliser ces jeunes alors même que les institutions publiques ont du mal à les intégrer à leurs dispositifs ? Le mentorat peut-il être un levier pour raccrocher ces jeunes à un projet d’avenir ?
Intervenants :
Vincent DE ROCHER | Unis-Cité
Loïc FROGER | Unis-Cité
Aurélie JIGOREL | Unis-Cité
Sofianne KASSMI | Sport dans la ville
Chloé ROURE | Sport dans la ville
Imane TAMMAR | Unis-Cité
Qu’est-ce qu’un jeune “NEET” ?
En 2019, 1,5 millions de jeunes étaient comptabilisés comme des NEETs. La première difficulté rencontrée lorsqu’on aborde ce sujet est la définition que l’on met derrière ce public éloigné. Dire que ce sont des jeunes “invisibles” n’est pas pertinent car certains d’eux peuvent être en contact avec d’autres acteurs locaux, comme la Mission Locale par exemple. Le terme de jeune “NEET” (Not in Education, Employment or Training) est aussi problématique. En effet, il crée une catégorie par la négation.
Le fait d’être ni en emploi, ni en études, ni en formation suggère une classification un peu “fourre-tout”, ou du moins sous-entendant des sous-catégories. Pourraient entrer dans cette dernière des jeunes faisant une année sabbatique à l’étranger par exemple. Or, le public ciblé par cette session est les jeunes considérés comme NEETs et dont la situation est subie. Que ce soit des problématiques de savoir-être, d’addictions, judiciaires, de socle familial instable ou encore liées au logement, nombreux sont les facteurs qui retardent l’accès à l’emploi ou la formation. Les jeunes infra-bac ne sont pas les seuls à être dans cette situation : des jeunes bac +2 ou +3 passent aussi souvent sous les radars des dispositifs mis en place.
Cette difficulté de catégorisation est un obstacle supplémentaire à l’identification des jeunes qui pourraient bénéficier du mentorat. Une présence régulière sur le terrain est essentielle pour arriver à capter ce public.
L’identification et les premiers liens avec les jeunes NEETs
Pour Sport dans la Ville et Unis-Cité, la régularité de leur présence dans les quartiers, lors de balades urbaines, de déambulations, crée des rituels et leur permet ainsi d’être identifiés et d’initier un lien de confiance avec ces jeunes. Créer du lien avec le tissu local et les partenaires agissant sur le territoire facilite la présence sur le terrain et favorise ainsi la prise de contact avec les jeunes NEETs.
Une fois identifiés, et pour réussir à les toucher, il est nécessaire de trouver d’autres leviers d’actions, en élaborant notamment des programmes spécifiques qui correspondent aux attentes du public et un accompagnement sur-mesure pour chaque jeune. Sport dans la Ville propose des actions sportives et Unis-Cité a développé les KioSC (Kiosque d’Information et d’Orientation au Service Civique).
Proposer le mentorat comme dispositif d’accompagnement de ce public cible ?
Une fois que le lien est fait, comment les diriger vers des programmes qui nécessitent une régularité de la part du jeune ?
Tout d’abord, il est essentiel de réussir à expliquer à ce public l’intérêt du mentorat et ses apports, quand pour eux, d’autres thématiques peuvent paraître davantage prioritaires. La relation mentorale ne sert pas forcément à atteindre un emploi mais plus une relation de confiance pour comprendre le contexte du jeune et avancer petit à petit vers l’insertion.
Pour présenter le mentorat plus spécifiquement à ce public, il est préconisé de :
- Valoriser le jeune
- Ne pas parler du mentorat avec les termes classiques. Mais parler de la relation humaine, de savoir-être. Informer sur les différents publics et ne pas les ghettoiser, la classification rend réfractaire.
- Les écouter : l’emploi n’est pas toujours leur objectif prioritaire, d’autres problématiques peuvent être présentes.
- Relier : le mettre en relation avec un mentor à l’écoute.
L’engagement que demande le mentorat peut être un frein à leur mobilisation sur ce dispositif. A cela peut s’ajouter d’autres freins tels que des problématiques de savoir-être, addictions, un socle familial fragile et instable, des soucis de logement ou encore la barrière géographique qui peuvent avoir un impact sur la création d’une relation sur le moyen terme. Ainsi, avec certains jeunes, il est nécessaire de proposer un accompagnement supplémentaire.
La formation et l’accompagnement des mentors sont alors très importants pour ces relations de mentorat. Il faut bien informer le mentor de toutes ces problématiques qui entrent en compte, avant d’envisager un retour stable à l’emploi par exemple. Le mentor doit être en capacité de comprendre et accompagner les problématiques de ces jeunes pour construire le lien de confiance nécessaire. Le réseau partenarial peut être un appui supplémentaire en facilitant les informations et les relais.
Conclusion :
Il n’est pas toujours aisé d’identifier et de mobiliser les jeunes NEETs sur le mentorat, dispositif nécessitant de la régularité, et dont l’objectif de gagner en confiance et développer l’autonomie peut ne pas paraître prioritaire pour ces jeunes. Dans un premier temps, il est nécessaire de créer un premier lien avec elle, en leur proposant des programmes qui correspondent à leurs besoins et attentes. Ainsi, pour surmonter cette difficulté, des structures mettent en place un accompagnement ponctuel, léger, non engageant, en présentiel, permettant au jeune d’appréhender ce que pourrait être le mentorat. Viser juste et bien permettra de démocratiser le mentorat auprès de ces jeunes.