📅 14 janvier 2025
⏱️ 1h30 en ligne

Intervenants :

Angelina Cucetto, Chargée de Développement Local, Afev
Manon Amram, Chargée de programme mentorat, La Cravate Solidaire
Jean-Vladimir Potier, Conseiller CEJ, France Travail Sarcelles

Animation : Fiona Soler Harroche, consultante spécialisée en mentorat
Modération : Fania Anoir, Collectif Mentorat

Le rôle pivot des prescripteurs : une évidence à renforcer

L’atelier a mis en lumière un point partagé par tous les intervenants : les prescripteurs sont essentiels à la réussite des programmes de mentorat. Qu’il s’agisse d’établissements scolaires, de structures publiques ou sociales, ces acteurs sont en contact direct avec les jeunes et jouent un rôle crucial dans leur orientation vers les bons dispositifs, au bon moment:

“Ce sont eux qui connaissent le mieux les jeunes et leurs besoins. Ils sont un point d’entrée indispensable pour initier un accompagnement pertinent.” – Angelina Cucetto, Afev.

Le professionnel qui va orienter le jeune vers une action de mentorat, est souvent la première personne à identifier le besoin d’un accompagnement individuel, à anticiper les freins et à susciter la confiance du jeune dans le dispositif.

Construire un partenariat solide : du sur-mesure, pas du standard

Les échanges ont révélé que les partenariats efficaces entre structures de mentorat et prescripteurs se construisent dans la durée, sur la base de trois piliers : la lisibilité, la disponibilité et la confiance.

Jean-Vladimir Potier, conseiller CEJ chez France Travail, l’illustre avec son propos :

« Je dois être capable d’expliquer facilement à un jeune ce qu’il va gagner dans une action de mentorat. Plus c’est clair, plus j’y crois, plus je peux l’embarquer.»

Les intervenants ont également souligné la nécessité d’un interlocuteur identifié, réactif et de confiance du côté associatif. Ce lien facilite non seulement l’orientation, mais aussi le suivi et la réactivité en cas de difficulté.

Maintenir le lien : communication, coordination, évaluation

Un partenariat réussi ne se limite pas à une orientation initiale. Il se cultive à travers des échanges réguliers (points d’étape, bilans, retours sur les binômes), une co-construction de parcours, et des outils adaptés :

Tableaux de suivi partagés, plateformes type CRM ou espace en ligne dédié
Documents synthétiques et pédagogiques (fiches d’orientation, charte mentorale, vidéo de présentation)
Présence sur le terrain : forums emploi, petits déjeuners partenaires, visites croisées

Chez La Cravate Solidaire, les mentors peuvent être mis en relation directe avec le prescripteur. Ce triangle association-mentor-prescripteur crée une dynamique d’accompagnement renforcée, au bénéfice du jeune.

Des partenariats qui s’ajustent dans le temps

Plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité d’adapter les partenariats à la réalité des territoires et à la maturité de la relation partenariale. Cela peut se traduire par :

Commencer avec de petits volumes d’orientations
Prioriser la qualité à la quantité
Stabiliser avant de relancer la prospection
Prendre en compte le turnover des équipes des deux côtés

“On segmente nos partenariats selon la localisation et les enjeux. Il y a tout un travail d’anticipation et de gymnastique organisationnelle.” – Angelina Cucetto, Afev

À noter : certains partenariats s’étoffent avec le temps. Un partenariat peut débuter par quelques jeunes, puis monter en puissance progressivement lorsque les ajustements ont été faits et que la confiance est installée.

Recommandations clés pour bien commencer un partenariat avec des prescripteurs

En conclusion, les intervenants ont partagé des conseils concrets à destination des associations qui souhaitent structurer ou renforcer leurs alliances :

Clarifier son offre : expliquer simplement ce que propose le mentorat, à qui il s’adresse, et ce qu’il apporte concrètement.
Soigner les premiers échanges : prendre le temps de rencontrer les prescripteurs, de comprendre leur fonctionnement, leurs contraintes et leurs attentes.
Rester réaliste : ne pas multiplier les partenariats si les ressources ne le permettent pas. Il vaut mieux consolider des liens existants que de courir après de nouveaux.
S’équiper intelligemment : outils numériques simples, automatisation des tâches répétitives, communication lisible.
Privilégier la régularité : quelques temps forts dans l’année (bilan, point d’étape, partage d’impact) suffisent s’ils sont bien préparés

Une dynamique de l’écosystème à encourager

Enfin, l’atelier a montré que le mentorat ne vit pas seul : il s’inscrit dans un écosystème d’acteurs autour du jeune (parents, référents sociaux, enseignants, mentors, associations…). Créer du lien entre ces parties prenantes est un levier puissant pour renforcer l’impact du mentorat et accompagner les jeunes dans la durée.

« On doit tous aller dans le même sens, autour du jeune. Il est le centre du dispositif, nous ne sommes que des planètes qui gravitent autour de lui » – Manon Amram, La Cravate Solidaire.

Ce qu’on peut retenir

✅ Les prescripteurs sont l’un des premiers maillons de la chaîne du mentorat. Ils repèrent, orientent et posent les premières bases de la relation. Sans eux, difficile d’atteindre les jeunes les plus éloignés des dispositifs.

✅ Un partenariat efficace se construit dans la durée. Cela suppose du temps, de la confiance mutuelle, des échanges réguliers et une capacité à s’adapter aux réalités locales et humaines (turnover, volume, temporalité).

✅ Une communication fluide est indispensable. Outils partagés, suivis réguliers, clarté des rôles et coordination entre prescripteur, mentor et association permettent une prise en charge cohérente et utile pour le jeune.

✅ Des partenariats durables avant tout. Il vaut mieux quelques partenariats solides et bien suivis qu’un grand nombre peu engagés. Le lien personnel et la reconnaissance mutuelle renforcent l’impact et la pérennité des actions.

Propos recueillis par Fiona Soler Harroche