Entendre la voix de la jeunesse qui s’engage
Chaque mois le Collectif Mentorat organise, sous format webinaire, une rencontre réunissant l’éco-système du mentorat autour d’échanges structurants. Ces rencontres permettent de réfléchir ensemble à des sujets d’actualités, partager des pratiques et s’inspirer des expertises des intervenants.
Objectifs de cette rencontre : faire résonner la voix des jeunes et comprendre leurs inquiétudes, leurs combats et leurs nouvelles formes d’engagement, notamment à deux mois des élections présidentielles.
Intervenants :
Pauline Braga – Jeune étudiante en classe prépa littéraire et ancienne filleule de l’association Chemins d’Avenirs.
Alexandre Irand – Président de la Fédération Nationale des Associations Représentatives des Étudiants en Sciences Sociales (ARES)
Ana Mylonas – Chargée de promotion de l’engagement pour l’action sociale au sein de la Croix Rouge.
Pénélope Ayrault – Chargée de projet Solidarités et Jeunesse au sein de la Croix Rouge.
La détresse éprouvée par les jeunesses révèle parfois un sentiment de colère qui vient nourrir de nouvelles formes d’engagement ou de participation politique.
La jeunesse française, c’est 8 millions de personnes entre 15 et 25 ans. La jeunesse française, ce n’est pas “une jeunesse mais des jeunesses”. Aujourd’hui, ces jeunesses vivent une période inédite : un jeune sur deux considère la pandémie comme une période qui a été très pénible à vivre qui a accentué les difficultés psychologiques et le sentiment d’isolement, devant les difficultés socio-économiques.
Il y a un désengagement politique mais pas un désengagement citoyen.
Comme de nombreux jeunes, Pauline Braga témoigne de son inquiétude sur les élections présidentielles – “Me dire que je vais voter dans quelques mois c’est effrayant. Mes amis sont également perdus et ont peur de voter pour la 1ère fois car c’est un choix par défaut”. Pauline a récemment participé à l’événement “des candidats et des jeunes” organisé par l’association Chemins d’Avenirs qui lui a permis d’interpeller directement tous les candidats à la présidentielle sur les propositions politiques. Elle se décrit comme étant engagée dans le fond sur des sujets comme l’égalité homme-femme, la protection de la planète et des animaux à travers des initiatives sur les réseaux sociaux, les débats et constate que beaucoup de ses amis souhaitent ou sont déjà engager auprès d’associations.
La Covid a certes révélé une précarité multiforme de la jeunesse mais également une jeunesse solidaire entre pairs !
Alexandre Irand, Président de l’ARES, nous partage les difficultés rencontrées par les étudiants français suite au Covid ; un tiers des étudiants ont des difficultés financières, 70% n’ont plus de travail alimentaire les aidant à subvenir à leurs besoins, difficulté d’accès à une alimentation saine, d’accès à un logement, une augmentation de l’isolement, etc. Néanmoins, malgré ce contexte difficile, l’ARES a constaté qu’il y a une vraie envie d’engagement chez les étudiants en devenant acteurs pour leurs pairs. Par exemple, avec la mise en place d’épiceries solidaires sur les campus, des permanences d’écoute ou encore des distributions de protections hygiéniques. Il est important de mentionner que les actions de solidarité à destination des jeunes et pour les jeunes peuvent aussi être dans l’intergénérationnel pour une meilleure complémentarité d’action.
Les engagements pluriels des jeunes révèlent-ils une culture de l’engagement ?
En 2021, près d’un jeune sur deux (48 % contre 37% en 2019) déclarait donner son temps bénévolement à une association. L’engagement chez les jeunes est en augmentation et doit continuer à l’être. La loi nᵒ 2017-86 du 27 janvier 2017 relative à l’égalité et à la citoyenneté apporte un cadre politique propice pour reconnaître l’engagement dans le parcours des étudiants qui s’engagent (crédits ECTS, temps dédiés dans les emplois du temps…). Cette loi oblige les universités à reconnaître l’engagement de tout étudiant qui le demande. Malgré ça, les modalités ne sont pas toujours adaptées aux besoins de l’étudiant et aux réalités du monde associatif. Ana Mylonas Chargée de promotion de l’engagement pour l’action sociale à la Croix Rouge, confirme qu’il y a actuellement un dialogue entre les associations et les établissements scolaires pour concrétiser ce cadre et la reconnaissance de l’engagement des étudiants.
De nouvelles formes d’engagement se développent pour répondre aux attentes de la nouvelle génération.
Les formes d’engagement se sont diversifiées ces dernières années : manifestations, pétitions, contenus militants sur les réseaux sociaux… Comme le précise Pénélope Ayrault, chargée de projet Solidarités et Jeunesse au sein de la Croix Rouge, ces formes d’engagement doivent s’adapter aux attentes et envies des nouvelles générations en proposant des actions qui peuvent être virtuelles, éphémères, “coup de poing” ou bien encore fonctionner en mode “projet” (une organisation horizontale, agile et flexible). Et également, s’étendre sur différentes thématiques comme par exemple : la lutte contre les discriminations, l’environnement, la santé mentale, la prévention des addictions, etc. Cela dépendra des intérêts du jeune et des actions nécessaires à mettre en place.
Il n’y a pas de petits engagements, les associations doivent s’adapter et proposer des nouvelles modalités d’engagement plus courtes.
L’engagement des jeunes est plus volatile et plus court mais il n’en est pas moins essentiel. Des associations comme la Croix Rouge proposent des actions ponctuelles, très concrètes ou immatérielles pour inclure les jeunes qui ont moins de temps mais qui souhaitent tout de même s’engager.
Pour aller plus loin :