Rencontre du Mentorat #3

Orientation et Insertion Professionnelle 

Chaque mois le Collectif Mentorat organise, sous format webinaire, une rencontre réunissant l’éco-système du mentorat autour d’échanges structurants. Ces rencontres permettent de réfléchir ensemble à des sujets d’actualités, partager des pratiques et s’inspirer des expertises des intervenants.

Objectifs de cette rencontre : comprendre comment accompagner les jeunes dans leur orientation pour les aider à mieux se connaître, à anticiper, à pouvoir oser et finalement à se réaliser dans leurs parcours de vie.


Intervenants : 

Jules Donzelot  – Sociologue et Directeur scientifique chez JobIRL L’orientation In Real Life
Alix de Quillacq – fondatrice du projet PITANGOO et auteure du livre : « Face aux choix d’orientation, parents et éducateurs, libérez votre pouvoir d’agir ! » (Ed. Quasar 2022).

 

Nous sommes dans un moment charnière de l’histoire de l’orientation en France.

Jusque dans les années 90, l’orientation était subie vers une voie définitive, vers un métier à vie. L’institution plaçait un élève dans une filière. L’élève était orienté.
Aujourd’hui, la France a commencé à opérer un basculement vers une éducation à l’orientation où l’élève se retrouve au cœur de sa propre orientation. Une orientation qui renvoie à la liberté et à l’autonomie. L’élève s’oriente.
Tout comme son origine étymologique, où l’orientation est “l’organisation spatiale des mouvements”, il est reconnu que les jeunes doivent avoir les points de repères pour se positionner et ainsi pouvoir agir de façon éclairée et accéder à une liberté éclairée.
Aujourd’hui, le jeune a, à la fois beaucoup d’informations et de dispositifs pour faciliter son orientation, mais dans un certain désordre, et en même temps, les conditions ne sont pas encore réunies pour avoir une politique nationale massive et cohérente sur l’orientation. Les élèves font encore face à des inégalités considérables dans l’accès à une aide à l’orientation. L’institution doit définir un cadre institutionnel permettant une égalité des élèves sur l’offre de modules et services de l’aide à l’orientation, doit accompagner les jeunes à développer les compétences à s’orienter avec notamment des heures dédiées à l’orientation. S’il existe un grand nombre d’actions innovantes à ce sujet, un changement d’échelle nécessiterait aussi des financements massifs.

S’inspirer de l’Angleterre et de sa politique massive pour un système équitable.

Les pays anglo-saxons ont une quinzaine d’années d’avance sur les programmes d’aide à l’orientation et peuvent être une source d’inspiration sur certains points. Dans ces pays, il ne s’agit plus d’orientation mais d’accompagnement des élèves dans leur processus de décision.
Dans les années 2000, l’Angleterre a lancé une grande politique d’aide à l’orientation massive visant à une réduction des inégalités sociales vers l’accès aux études supérieures : le programme Aimhigher. Ce programme fait désormais partie du droit commun.
Ce programme met en exergue ce changement de paradigme, qui vise à encourager les élèves à avoir accès aux études supérieures, en travaillant entre autres sur les représentations collectives. À partir du constat d’une méconnaissance des élèves et de leur entourage sur les études supérieures, des actions collectives ont été mises en place visant à changer les représentations des groupes. En effet, pour avoir un impact sur les jeunes, il faut aussi travailler avec leur entourage et ainsi faire évoluer les représentations collectives. Il est donc reconnu que dans les choix d’orientation il peut y avoir une dimension affective sans en oublier la dimension individuelle.

L’enjeu pour le jeune est d’initier une démarche coordonnée entre une réflexion profonde sur sa quête de sens et les différents aspects de sa vie.

À partir de ses 14 ans, le jeune, pour l’une des premières fois de sa vie, se retrouve confronté à devoir se positionner de manière individuelle. Il va entrer dans cette démarche d’initiation, où il va apprendre à faire des choix, en unifiant tant les différents aspects de sa vie, à son rythme, et en les confrontant à une quête de sens, de réussite. L’élève entre alors dans une phase d’éducation à la liberté et pour cela, l’adulte doit lui donner confiance.
L’orientation n’est pas un processus fini, mais qui perdura tout au long de la vie. Plus le jeune apprend à dialoguer tôt, plus il va être à l’écoute, permettant d’affiner l’esprit critique et favoriser les choix.

Préparer un jeune à être ouvert, à saisir des opportunités, accompagner un dialogue de qualité pour favoriser les déclics d’orientation.

Pour permettre au jeune d’être dans les meilleures conditions pour appréhender ce processus, il doit être accompagné par un collectif. Cette communauté d’éclaireurs doit l’aider à gagner en estime de soi. Mais pour accompagner le jeune dans cette prise de confiance, il faut dans un premier temps qu’il arrive à parler de lui, à se dévoiler. Le collectif pourra ainsi aider le jeune à s’explorer, s’unifier pour faire des choix cohérents à ce qu’il est et ainsi à se projeter.
Il y a donc un fort enjeu à développer ces communautés d’éclaireurs, qu’ils soient parents, enseignants, voisins, cousins, mentors… Ces adultes ont un rôle pour favoriser le dialogue et l’expérimentation dans le cercle du jeune. Tout le monde a un pouvoir d’agir sur le jeune, sans savoir si cela va le toucher directement. L’adulte doit ainsi être accessible et disponible aux jeunes qui l’entourent permettant ainsi de créer des liens, favoriser les regards croisés.
Le mentor peut accompagner le jeune à identifier les petites réussites qui touchent la dignité personnelle et qui remobilise le jeune dans le regard qu’il porte sur lui-même et sur sa confiance en soi.

 

Ressources :