Sharing last european results for an effective practice on mentoring

Assises du Mentorat 2022
Sharing last european results for an effective practice on mentoring

Objectifs de l’atelier :
Comprendre le mentorat tel que défini par les chercheurs européens en sciences sociales  ainsi que les éléments qui définissent une pratique efficace et effective.

Intervenants :
Bernadine Brady | Lecturer and Senior Researcher with the UNESCO Child and Family Research Center at NUI, Galway, Ireland
Oscar Prieto Flores | PhD. Professor of Sociology at the School of Education and Psychology, University of Girona, Spain
Agnes Van Zanten | Professor of Sociology, CNRS Director of Research, Sciences Po, Paris

 

La recherche en mentorat doit se faire en collaboration avec une multitude d’acteurs, en créant des espaces de coopération qui intègrent le binôme.

Pour évaluer les résultats des programmes de mentorat, la recherche doit se construire en lien étroit avec les praticiens, les binômes eux-mêmes, les chercheurs, les enseignants, les universités et toute organisation impliquée dans le programme. Le mentorat n’est pas un outil à taille unique, nous devons continuer à construire des solutions sur mesure.

 

Le champ de la recherche doit se détacher de la réalité anglo-saxonne.

La plupart des études de recherche en mentorat sont centrées sur les réalités américaines, à partir d’un contexte social spécifique et des programmes adaptés aux besoins sociaux. Pour appréhender les programmes de mentorat en Europe, nous devons nous détacher de cette analyse et développer nos propres clés de lecture. 

 

Le mentorat agit comme un bouclier pour les jeunes mentorés. 

En Espagne, les études montrent que les programmes de mentorat ont un effet plus important sur la population présentant un risque plus élevé, comme les mineurs non accompagnés. Les programmes de mentorat à destination des jeunes nouvellement arrivées protègent les adolescents migrants des situations d’exclusion. Les mentorés restent sur la bonne voie, s’accrochent au système scolaire, participent davantage en classe et ont une meilleure estime d’eux-mêmes. Le mentorat crée un espace sûr où ils peuvent se développer positivement. 

 

La qualité de la relation au sein du binôme garantit l’efficacité d’une action de mentorat. 

Dans une relation de mentorat, l’apprentissage sera plus effectif s’il est fait avec quelqu’un qui se soucie du jeune. Le mentorat aura plus d’impact s’il est axé sur les besoins spécifiques du mentoré et si le programme est conçu en tenant compte des moments charnières que va vivre le mentoré tout au long de son parcours.  

 

Pour sécuriser leurs financements, les programmes de mentorat doivent prouver leur impact.

Pour accéder à des financements publics et privés plus pérennes, les programmes de mentorat ont besoin de prouver l’impact de leurs programmes. Les éléments effectifs souvent recherchés par les financeurs sont le regard des jeunes envers l’école, la prévention des risques, le décrochage scolaire ou le taux d’insertion professionnelle.

 

Les études qualitatives permettent de mieux recueillir les effets et les résultats du mentorés. 

Lors d’études d’impact quantitatives, les groupes de contrôles risquent de ne pas être suffisants pour prouver l’efficacité des programmes de mentorat. Malgré les efforts, l’échantillon peut ne pas être assez précis, pas assez grand ou peu représentatif, et malgré quelques indicateurs positifs, il se peut qu’on ne puisse pas prouver scientifiquement notre hypothèse. C’est une intervention contraignante, coûteuse et chronophage qui a tendance à objectifier les programmes et les mentorés.

 

L’intervention sociale nous éloigne parfois des besoins réels du mentoré.

L’aspect non formel du mentorat, l’aspect volontaire de la relation et l’espace privilégié qui se crée entre mentor et mentoré nous rapproche des besoins essentiels du jeune. Et malgré une tendance commune à avoir beaucoup de professionnels de l’accompagnement autour du mentoré, le mentorat nous permet de reconnecter avec la dynamique humaine et avec la relation. 

 

Les inégalités d’accès aux études supérieures en France s’accentuent à cause du manque d’informations et d’un accès inégal aux ressources numériques. 

Les jeunes n’obtiennent pas le même type d’orientation selon l’école qu’ils fréquentent. Le degré de personnalisation de l’orientation, le type de conseil. Et les mécanismes de sélection développés par les établissements d’enseignements supérieurs ne font qu’accentuer les inégalités sociales.  Pour combler ce vide, le gouvernement fournit beaucoup d’informations numériques, mais tous les étudiants ne sont pas égaux face à l’usage et l’accès à ces ressources

 

Pour répondre aux besoins urgents d’orientation et combler le manque d’informations, des solutions marchandes et des programmes de mentorat “sauvages” se développent.

Le manque d’informations et le besoin urgent de s’orienter pour accéder aux études supérieures génèrent une offre de service marchande pas toujours souhaitable pour les jeunes. En partie pour remédier à ce manque d’orientation, les établissements français les plus élitistes développent des programmes de mentorat peu sophistiqués, sans suivi ni formation, qui génèrent une violence symbolique chez les mentorés. Ce sont des programmes courts, qui manquent de coordination, construits à l’image de l’élite méritante. 

 

Pour améliorer l’accès à l’orientation en France, il faut combiner 3 facteurs.

Il faut fournir une orientation avant et après l’accès aux études supérieures, il faut changer le système de sélection et il faut fournir des aides financières aux étudiants pour réduire ainsi leur précarité. Sans ces facteurs, les programmes de mentorat ne peuvent pas être efficaces pour réduire les inégalités. 

 

On peut limiter les effets négatifs du mentorat avec la formation des mentors.

Pour faire face à la différence culturelle et sociale entre le mentor et le mentoré, il faut une formation avec une dimension cognitive, émotionnelle et personnelle. Il faut sensibiliser le mentor à son engagement pour ne pas rajouter des difficultés supplémentaires chez le jeune déjà en situation de vulnérabilité. 

 

L’attitude “you can do it” ne fonctionne pas.

Le jeune peut être frustré si la réalité ne correspond pas à ce que dit son mentor. Il faut bien définir l’éthique de l’intention et l’éthique de la responsabilité pour qu’il n’y ait pas de dissonance entre les discours. Il faut s’assurer que les résultats sont liés aux objectifs et que le mentor, avec de l’empathie, comprend les défis réels auxquels est confronté le jeune dans son quotidien. 

 

Avant un passage à l’échelle, il faut d’abord construire un système de qualité. 

Avant d’envisager un passage à l’échelle des programmes de mentorat, il ne faut pas aller trop vite. Il faut essayer de faire des programmes pilotes, définir des critères de qualité et réduire le nombre de binômes.  Construire des alliances comme celle du Collectif Mentorat permet de veiller à une qualité minimale commune et envisager un passage à l’échelle en assurant la qualité.