Entretien avec Pierre Mathiot, politologue français et directeur de l’Institut d’études politiques de Lille.
A quel moment de votre parcours personnel avez-vous décidé d’accompagner des élèves en difficulté ?
J’ai commencé à le faire via mes responsabilités de parent d’élèves dans une zone d’éducation prioritaire, il y une quinzaine d’années, principalement pour aider des ami(e)s de mes enfants. C’est moins le résultat d’une décision que quelque chose qui s’est fait un peu par hasard. Il s’agissait plutôt de jeunes qui avaient du mal à se projeter dans le futur de leurs études et dans un métier.
Quelles sont les motivations profondes qui vous ont incité à consacrer du temps à des élèves en difficulté ?
Nous sommes dans une société extrêmement inégalitaire pour tout ce qui concerne la réussite scolaire, le conseil aux élèves et l’accompagnement. J’ai connu très directement des situations de difficultés dans les établissements où mes enfants étaient scolarisés et il m’a toujours semblé logique et évident d’apporter mon appui quand je le pouvais. En essayant d’aider et de conseiller des jeunes qui n’ont ni ressources familiales, ni argent, ni réseaux, je me dis que j’agis très modestement dans le sens d’une forme d’équité.
Quelles actions menez-vous ?
Plutôt que du soutien scolaire, je me consacre à l’orientation et la préparation à l’enseignement supérieur : lecture de CV, recherche de stages, préparation d’oraux….
Que vous a apporté le mentorat au plan personnel ?
C’est une sorte de complément à ce qui est mon métier par ailleurs, puisque je dirige une Grande Ecole. Mais le mentorat m’a aussi aidé à mieux saisir des enjeux de société, autour de la confiance, de la relation entre jeunes et adultes qui n’ont pas été sans inspirer un peu le travail que j’ai conduit autour de la réforme du bac et du lycée. Pour le reste, et de façon plus personnelle, il va de soi que l’on ne peut qu’être satisfait lorsqu’un jeune que l’on a conseillé trouve sa voie et avance dans les études et dans la vie.
Quel a été l’impact de votre soutien sur la situation scolaire d’’élèves que vous avez accompagnés ?
Très clairement, cela a convaincu des élèves de viser d’autres débouchés scolaires que ceux auxquels ils pensaient, soit par méconnaissance du système, soit par auto censure et manque de confiance.