Le rôle des familles dans le mentorat

Assises du Mentorat 2021
Le rôle des familles dans le mentorat

Objectifs de l’atelier :  Comprendre les besoins des familles dans le mentorat et identifier les facteurs de réussite de leur intégration dans cette démarche.

Animation : Eunice MANGADO-LUNETTA, Marie AUMONT et Delphine PATEYRON – AFEV

Intervenants :

  • Malika HAMIDI – Maman d’une famille de trois enfants accompagnés par Télémaque
  • Marc VANNESSON – Directeur de VERS LE HAUT
  • Véronique ACAR – Thérapeute familiale, ancienne formatrice dans le réseau des EPE, administratrice de la FNEPE
  • Benjamin BITANE – Responsable du pôle formation pour Emmaüs Connect

 


Éléments clés évoqués :

 

Le mentorat est un outil qui aide les parents à prendre leur place en tant qu’accompagnateurs de la scolarité de leurs enfants.  

L’action de mentorat ne dure pas éternellement. Les parents doivent être en mesure de prendre le relais une fois le mentor parti. Pour cela, il faut légitimer les parents vis-à-vis de leur place et leur rôle auprès de leurs enfants. Les professionnels du mentorat doivent comprendre les fonctionnements familiaux et sensibiliser le mentor sur son rôle d’acteur de la parentalité pour donner du pouvoir d’agir aux familles.

 

Le mentorat aide les parents qui se sentent isolés et en difficulté  à surmonter les obstacles qu’ils vivent avec leurs enfants. 

Les parents sont inquiets de l’avenir de leurs enfants et ont souvent du mal à se projeter face aux difficultés vécues. Les parents se sentent démunis et ont besoin d’une aide individuelle renforcée. Dans ce sens une action de mentorat qui implique la famille apporte une aide et un soutien supplémentaire extrêmement précieux pour les parents qui ne peuvent pas répondre seuls aux difficultés.

 

L’isolement vécu pendant le confinement à accentué la détresse des parents.

Les parents ont vu leurs difficultés augmenter avec l’isolement causé par la crise sanitaire et éducative. Ils ont dû assurer un triple rôle : celui de parent, celui d’éducateur et celui d’enseignant de substitution, à conjuguer parfois avec le télétravail. Les parents avaient besoin d’être écoutés et apaisés, ils se sont sentis inadaptés face aux difficultés éducatives, ce qui a provoqué une augmentation du stress et développé un sentiment de culpabilité face à l’incompétence, provoquant dans certains cas des situations de surmenage parental. Le mentorat et l’accompagnement à distance des parents par des mentors et des professionnels ont été des outils essentiels qui ont permis aux parents de se sentir soutenus et écoutés (cf. le téléphone vert “allô parent en crise”)

 

Les politiques d’accompagnement à la parentalité doivent répondre aux besoins très variables des familles. 

C’est sur les questions d’orientation et d’insertion professionnelle que les parents se sentent le plus démunis et là où se concentre leur inquiétude. Malgré leur forte implication, les parents ont besoins de plus de temps pour comprendre les besoins de leurs enfants et les accompagner.  Dans ce sens le mentorat est indispensable pour les familles, permettant de combattre l’isolement et facilitant l’expression des besoins. Cela est d’autant plus nécessaire pour les familles qui cumulent des difficultés comme les familles monoparentales ou à bas revenus, les parents ne parlant pas français ou tous ceux qui ressentent une crainte face à l’institution éducative.

 

Des réponses encore trop limitées pour accompagner les parents.

Malgré une augmentation des politiques de soutien à la parentalité, ces dispositifs touchent peu de parents. Le mentorat doit permettre de créer des liens entre l’offre des dispositifs existants et la demande des parents, pour informer et diffuser les ressources.

 

Le soutien à la parentalité dès la petite enfance est un des meilleurs investissements sociaux pour lutter contre les inégalités éducatives. 

Il est important de concevoir des politiques qui accompagnent les parents dès la petite enfance. Les parents sont le début de la solution pour compenser les inégalités présentes dans le système scolaire, qui parfois isole les parents dans leur action d’éducateur.

Ces dispositifs doivent créer des liens entre les pratiques familiales et l’école pour démultiplier l’impact des actions éducatives et renforcer le travail avec les parents.

 

Accompagner mieux en construisant des relais d’information et des parcours d’accompagnement complémentaires.

Il est indispensable de valoriser les parents et construire avec eux les politiques de parentalité, en mettant l’accent sur la notion de plaisir et de découverte. Cette démarche doit se faire avec tous les acteurs présents autour de la famille. Elle doit connecter l’offre au besoin et déployer avec cohérence et efficacité les initiatives existantes entre les associations et les pouvoirs publics.

Cette mise en réseaux des réponses permet de contenir et soutenir les situations d’urgence et réorienter les parents vers le dispositif le plus adapté.

 

Les dispositifs les plus efficaces sont ceux qui relèvent du partage entre pairs.

Pour réussir à mobiliser les parents, il faut les rendre acteurs de leur réussite et de celle de leurs enfants, les inviter à participer activement à la construction des actions qui leurs sont destinées. Identifier ensemble les besoins et proposer un accompagnement par les pairs pour connecter les ressources des parents entre elles. Les nouvelles politique de parentalité doivent soutenir activement  les parents, par exemple à travers une campagne de marketing autour des offres de soutien de la parentalité. Elles doivent aller vers les parents et faciliter des rencontres régulières entre parents. Cet accompagnement par les pairs pourrait déboucher sur la création d’un réseau de parents ambassadeurs de la parentalité.

 

Soutenir la parentalité et donner du pouvoir d’agir aux parents à travers le développement des compétences numériques.

Il existe une difficulté supplémentaire au fait d’être parent aujourd’hui : les parents sont face à des enfants qui maîtrisent mieux l’outil digital qu’eux mais qui pour autant n’en sont pas protégés.

Le principal besoin d’accompagnement des parents aujourd’hui se concentre autour des usages numériques : acquérir les compétences numériques de base, maîtriser les outils de l’éducation nationale, apprendre à encadrer les pratiques numériques de leurs enfants (temps d’écrans, danger d’internet, contrôle parental).

 

PERSPECTIVES POUR LE COLLECTIF MENTORAT :

  • Faire un diagnostic de l’accompagnement à la parentalité proposé par les associations : recenser les bonnes pratiques pour aider les associations à aller vers les parents.
  • Accompagner la formation des mentors sur la parentalité en s’inspirant des pratiques présentes dans l’éducation spécialisée.
  • Formaliser des conseils clés pour les parents qui seraient diffusés très largement par les acteurs de l’éducation, les professionnels et les mentors.
  • Tirer profit de la relation de mentorat pour aiguiller les parents vers les dispositifs existants
  • Sensibiliser les établissements scolaires sur la capacité du mentor à être un médiateur entre la famille et l’école.
  • Développer le mentorat entre parents pour accueillir et soutenir les parents les plus éloignés de l’école.

 

(Propos recueillis par Fiona Soler Harroche)