Structurer un programme de mentorat : le mode d'emploi

Assises du Mentorat 2022
Structurer un programme de mentorat : le mode d’emploi

Objectifs de l’atelier :
Identifier les étapes essentielles et nécessaires pour mettre en place un programme de mentorat durable et de qualité. Appréhender chaque aspect pratique avec des exemples de terrain, à travers le savoir-faire des associations fondatrice du Collectif Mentorat.

Intervenants :
Sihem Boukada | Responsable nationale des opérations – Télémaque
Alice Ducrot | Chargée de développement mentorat- Afev Bordeaux
Aurélien Goin | Déléguée générales- Entraide Scolaire Amicale
Romain Ledoux | Responsable de parrainage – NQT
Laëtitia Mallet | Responsable de parrainage – Proxité
Emelyne Vernet | Cheffe de projet formation des bénévoles – Article 1

 

Connaître son public, identifier ses mentors et ses mentorés. 

Avant de démarrer son programme de mentorat, il est fondamental d’identifier le public à accompagner. Cette question passe par l’identification des besoins des jeunes mentorés, des âges, des difficultés vécues par ces personnes, du périmètre d’action à mettre en place et des acteurs territoriaux qui agissent auprès de ces jeunes. De même, il faut identifier les accompagnateurs, leur profil, les compétences et les modalités d’action pour répondre au mieux aux besoins de ces jeunes. Il est important de ne pas s’arrêter sur les généralités de ces publics, mais d’apprendre à les connaître dans leur individualité pour être au plus près de leur besoin. Cette étape d’identification est indispensable pour définir les attentes et les objectifs avec le public cible et construire au mieux la relation. 

 

Inscrire le binôme dans la durée avec le “matching”.

L’objectif de cette étape est de choisir le mentor qui sera le plus adapté aux besoins du mentoré. Plus le matching sera réalisé finement, plus les chances pour que le binôme développe une relation de confiance seront maximisées. 

Le matching n’est pas soumis à une hiérarchisation particulière des critères, il y a des degrés d’importance en fonction des programmes, des territoires et des publics. Les critères principaux à tenir en compte sont : 

  • des personnes pleinement disponibles dans l’engagement proposé ;
  • une proximité géographique pour favoriser la rencontre en présentiel ;
  • le secteur d’activité ou les centres d’intérêts pour faciliter les échanges ;
  • les besoins et attentes du mentoré avec les compétences et aptitudes du mentor. 

Quand parfois rien ne semble correspondre sur le papier, les associations peuvent faciliter les rencontres directes entre mentors et mentorés pour provoquer un matching naturel au cours d’un échange informel. 

Le but est de mettre les individus dans les meilleures conditions possibles pour que la relation soit positive. Mais comme toute relation humaine, il y a des aspects imprévisibles. 

 

Apporter un cadre et une régularité avec le suivi personnalisé des binômes. 

La première rencontre est déterminante, elle n’est pas à l’image de ce que le binôme va advenir, mais elle permet de confirmer le matching ou d’identifier les points de vigilance. Sont présents à cette première rencontre l’association, le mentor, le mentoré, la famille ou même la personne qui a identifié le jeune. Ce temps permet le partage et la validation des objectifs tout comme la clarification des attendus et des étapes à venir pour chacune des personnes impliquées dans la relation de mentorat. Le salarié référent de l’association, joue un rôle de facilitateur et accompagne chaque étape du binôme. Pour accompagner positivement la relation, il est recommandé de valider avec chaque binôme un rendez-vous fixe, un créneau et un lieu de rencontre régulier. Cela permet d’ancrer l’action dans le quotidien de chacun et d’établir des points de repères communs. Le référent associatif suit la relation avec régularité et fait le lien avec les partenaires éducatifs qui entourent le mentoré. 

 

Au-delà de la motivation et de l’enthousiasme, il faut former les bénévoles à devenir mentors.

Les mentors vont accompagner avec attention un jeune dont ils sont amenés à être proche. Il est important de baliser avec les futurs mentors le cadre du mentorat et ce rôle si singulier qui leur est confié. L’objectif principal de la formation initiale est de donner toutes les clés pour aider le mentor à construire une relation positive et engageante avec son mentoré. C’est l’occasion de présenter au mentor le public accompagné et surtout d’outiller le futur mentor à son engagement. C’est le moment de partager les modalités pratiques, en privilégiant un format le moins descendant possible. Ce temps permet de créer une communauté d’engagés et de programmer des temps d’échanges de pratiques entre bénévoles. 

 

La clé d’un accompagnement de qualité repose sur la formation continue des bénévoles. 

L’association nourrit continuellement la relation de mentorat avec des séances de formations complémentaires qui donnent des pistes d’actions et des méthodes concrètes pour aider le binôme à atteindre ses objectifs. Ces temps permettent de rassurer les bénévoles, d’aborder des situations concrètes, de prendre du recul sur le chemin parcouru et d’identifier les bonnes pratiques à adopter par la suite. Ces formations peuvent être données par des professionnels externes qui connaissent le public et les besoins des mentors mais peuvent aussi être animées par l’équipe en interne. Le format court, en visio sur 2 heures, permet d’allier théorie et pratique et d’avoir une offre large et accessible au plus grand nombre.

 

Un temps de bilan pour intérioriser les acquis. 

Une relation de mentorat peut aller au-delà du temps prévu par la structure. Mais il se peut aussi que la relation se termine avant la date prévue. Dans les deux cas, il est essentiel que la structure formalise le temps du bilan. Dans le cadre d’un arrêt anticipé, l’association doit faire un bilan avec le mentor et avec le jeune et sa famille pour tirer les enseignements et éviter un sentiment d’inabouti. L’arrêt ne doit pas être vécu comme un échec. S’il y a volonté, le bilan peut permettre aussi d’assurer le renouvellement d’une année sur l’autre. Ce temps va inscrire les acquis, fixer de nouveaux objectifs et identifier pleinement le programme à venir. Pour toutes fins de binômes, qu’elle soit volontaire, impromptue ou décidée, les associations doivent faire de ce temps une célébration pour valoriser les réussites et saluer l’engagement dont mentors et mentorés ont pu faire preuve. C’est l’occasion pour les associations de mesurer l’impact de leurs actions et de rendre compte des effets générés. Les impacts du mentorat n’étant pas forcément immédiats, il est stratégique pour les associations de mettre en place dès le début, une communauté d’alumnis pour illustrer et mesurer l’impact positif sur le long terme.