Tour de France du Mentorat : première étape dans le Nord avec la Métropole Européenne de Lille

Qu’ils vivent en banlieue, en milieu rural, dans les grandes villes ou en outre-mer, de nombreux jeunes font face à des déterminismes qui freinent leurs ambitions. Face à ces inégalités, le mentorat s’impose comme un levier important de justice sociale : partout en France, des milliers de mentors s’engagent pour aider un jeune à prendre confiance, élargir ses horizons et reprendre en main son avenir.

À l’occasion du Tour de France, le Collectif Mentorat vous propose d’aller à la rencontre de jeunes, mentors, partenaires et initiatives qui font vivre le mentorat sur les territoires traversés par les différentes étapes. Pour le Grand Départ, avec une boucle à travers la métropole lilloise, cap sur les actions de mentorat déployées au sein de la Métropole Européenne de Lille !
La Métropole Européenne de Lille (MEL) est un territoire où la jeunesse est particulièrement représentée : 42 % de ses habitants ont moins de 30 ans ¹, et près de la moitié d’entre eux vivent en quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV)². Pour accompagner ces jeunes, la MEL s’engage activement dans des projets de mentorat à différentes échelles, en synergie avec les acteurs locaux. Nous nous sommes entretenus avec Stéphanie Guilmin, chargée de mission cohésion sociale au service politique de la ville, et Stéphane Convert, chargé de mission responsabilité sociale de la collectivité au sein de la MEL, pour en savoir plus sur les différentes initiatives menées sur le territoire.

Une politique de la ville pour un déploiement du mentorat sur 26 communes du territoire

Le mentorat est un des leviers majeurs d’action de la MEL dans le cadre du contrat de ville (2024–2030), un accord signé avec la métropole, l’État, les villes et d’autres partenaires s’engageant à agir pour le mieux être des habitants des QPV. 

Ce contrat de ville décline différentes priorités, parmi lesquelles on retrouve la réussite éducative et la diversification des choix d’orientation. C’est dans ce cadre que la MEL s’engage, à l’échelle du territoire, à soutenir le mentorat.

Ainsi, sept associations de mentorat, l’Afev, Article 1, Entraide Scolaire Amicale, Proxité, Télémaque, La Clé, et Aréli, sont soutenues par la métropole et interviennent sur 26 communes prioritaires, avec un financement annuel de 120 000 euros, réévalué chaque année.

En 2024, ce sont déjà plus de 1 000 jeunes habitants des QPV mentorés grâce à ce dispositif !

Les agents de la MEL s’engagent en faveur du mentorat 

En parallèle de ce soutien aux associations, la MEL agit aussi en interne pour promouvoir le mentorat auprès de ses agents.

Dans le cadre du dispositif de mécénat de compétences lancé début janvier 2025, la MEL mobilise 11 agents qui consacrent deux jours par mois à des missions au sein d’associations, notamment de mentorat. Cette expérimentation, permise par la loi 3DS, offre aux agents la possibilité d’intervenir sur leur temps de travail pour apporter leurs compétences à des associations (notamment en graphisme, animation, gestion de projet, etc.). “Il y a une vraie volonté de la MEL, sur cette expérimentation, de le faire en faveur des associations accompagnées dans le cadre du contrat de ville, et donc des associations du mentorat” ajoute Stéphanie. “L’objectif est d’élargir ce dispositif à 15 agents d’ici 2026.”

Par ailleurs, la MEL mène également des actions pour recruter des mentors parmi ses collaborateurs : campagnes de communication interne, participation à des forums et création d’outils dédiés visent à structurer une communauté de mentors au sein de l’établissement. Depuis son arrivée en 2021, Stéphane s’investit en tant que véritable ambassadeur du mentorat pour mobiliser ses collègues et sensibiliser à la cause. 

À son échelle, la métropole s’efforce donc de coordonner ses actions internes et externes afin de construire une dynamique cohérente avec les associations du territoire. 

Quelles difficultés et quelles solutions ? 

Le vaste territoire de la MEL (plus de 95 communes !) rend parfois difficile l’intervention sur toutes les communes, notamment celles moins couvertes par les associations ; mais la possibilité d’un accompagnement à distance entend répondre aux besoins partout où ils se font ressentir “un des gros avantages du mentorat, c’est que ça peut être en présentiel et/ou en distanciel, j’accompagne moi-même une mentorée qui est à Amiens”, précise Stéphane. Par ailleurs, le mentorat reste soumis à l’engagement personnel des agents, qui peuvent parfois manquer de temps ou se sentir illégitimes pour endosser ce rôle. “Il y a plein de gens qui pensent qu’ils ne sauront pas faire, qui disent “je ne suis pas assez qualifié, je ne suis pas prof, je ne suis pas…” Et je pense que c’est lié aussi au fait de ne pas connaître ce que c’est que d’être mentor.” explique Stéphane. En tant que mentor, il a pris conscience que “sur la durée, c’est d’abord de la motivation, de la confiance en soi, et qu’accorder du temps à quelqu’un, ça leur fait du bien”. 

Alors que le dispositif de mécénat de compétences est encore en phase d’expérimentation (jusqu’en 2027) et que le contrat de ville s’achève en 2030, une incertitude demeure quant à l’avenir possible de ces actions. Pour autant, l’objectif de la MEL est de continuer à augmenter le nombre de mentors et de pérenniser les actions en cours.

Un travail de synergie entre acteurs

Pour réussir ces initiatives, la MEL s’inspire des bonnes pratiques d’autres collectivités, comme la métropole de Bordeaux, et partage son expérience avec plusieurs autres métropoles et départements. Elle collabore étroitement avec les villes de Lille et Dunkerque, notamment via des réunions de coordination, des études sur la jeunesse et la mixité sociale, et l’organisation d’événements fédérateurs.

À travers ces actions, la MEL montre comment une métropole peut à la fois renforcer l’essaimage du mentorat à grande échelle et soutenir l’engagement de ses agents, pour accompagner durablement la jeunesse.

Sources :

1. Insee, 2017
2. ADULM, 2023